6. MADRID ET LES CRÊPES C'est ici en Espagne que
6. MADRID ET LES CRÊPES
C'est ici en Espagne que j'ai commencé à savoir un peu mieux ce qu'on l'appelle “être français”, a partir du moment où j'ai déménagé dans l'appartement du quartier de Buenos Aires.
Nous étions trois: un espagnol, une italienne et une française (comme dans une blague). L'espagnol mangeait toujours du “chorizo” et parlait très fort, l'italienne des pates et criait beaucoup en utilisant les mains, et la française mangeait des crêpes...et on ne l'entendait pas quand elle parlait. Et quand on parlait de cuisine, c'était la guerre.
Un des débats portait sur les pates:
L'espagnol: “Mais la cuisine italienne n'est pas une grande chose..C’est seulement 'pasta' et 'pizza'”.
L'italienne: “Ah ah..Et dis-moi comment tu fais les pates? Tu mets les pates et le sel dans l'eau avant la faire bouillir?????”
L'espagnol: “Oui...pour les faire devenir blanches et molles!”
L'italienne (avec les yeux rouges et plein de colère): “Donc..Ça ne s'appelle pas des pates!”.
Une autre discussion a été sur les crêpes:
L'espagnol: “Ah, mais tu mets du lait dans les crêpes? Pourquoi? Les crêpes ne se font pas comme ça!”.
La française (avec tranquillité): “Ah non?? Et comment?? Avec du chorizo?? Bon, en FRANCE nous faisons comme ça, mais fais comme tu veux!”.
Et comme dans le parlement européen, pendant que l'italienne et l'espagnol discutaient de ces thèmes fondamentaux pour le bien de l'humanité, la française, sure de son bon Droit, leur donnait raison à tous les deux, ne disant rien et continuant à faire toutes les crêpes qu'elle voulait.ça s'appelle “la classe”.
- “JE T'EMMENE AU VENT”
Apres les crêpes, on parle de musique. J'avais déjà écouté de la musique espagnole, mais de la musique française très peu. Cependant, quand j'ai commencé à vivre là-bas, dans cet appartement multinational, la française ne m'a pas seulement fait écouter les meilleurs chanteurs et groupes français (qui étaient bien), mais elle me les a aussi fait aussi sortir par les yeux (j'ai commencé à les détester). Et le pire, c'était que je n'avais pas beaucoup de musique italienne avec moi et que donc je ne pouvais pas répondre avec les mêmes moyens.
“Ah mon dieu”, quand on parle des différences entre le Nord et le Sud!
Ainsi donc, ma relation avec la musique française a commencé a être, comme Catulle l'appelle, une relation de “Odi et Amo”.
Serge Gainsbourg, Charles Aznavour, Edith Piaf, Jacques Brel, Mano Solo, Noir Désir, Louise Attack, Boris Vian, etc, tous ceux-là n'étaient pas mal mais.. J’en avais marre!!
Plusieurs idées qui ont commencées à se former dans ma tète:
- “Jonny n'était pas un ange.”;
- “Il y avait une personne si désespérée qu'elle voulait être emmené au bout de la terre et il y avait un autre qui emmenait les filles au vent.”;
- “Les marins s'endormaient dans tous les ports, de la France, d'Amsterdam et du monde entier, tous pleins de bière et qui, probablement, buvaient, comme tous, “à la santé de la notre perdue”, avec un terrible mal de foi.”;
- “Il y avait d’autres personnes encore qui, le vendredi, buvaient aussi dans leur “snobbism party”, mais eux ils n'avaient pas mal au foi, parce qu'ils avaient un ulcère, “moins banal et plus cher”.”.
Mais qu'est-ce qu'on peut faire? Dieu est un fumeur de Havanes!
Et avec le pouvoir unique que seulement la musique peut avoir, cette mélodie-là et ces mots-là sont entrés dans ma tète. Et j'ai commencé à bien les aimer.
D'ailleurs, la devise française “Liberté, Égalité, Fraternité” finit par être aimée malgré tout. Avec une petite goutte colonialisme.